Le blog de Méthodo Campus : Pratique et théorie des méthodes d'apprentissage

Apprendre par répétitions espacées, LA méthode stratégique pour la réussite étudiante

Quand l'année scolaire s'ébranle, une méthode de travail va être stratégique pour vous aider à bien mémoriser sans prendre de retard : c'est l'apprentissage "distribué" ou par répétitions espacées.
Un étudiant à son bureau face à son ordinateur lève le pouce en signe de succès

L’automne est là, la rentrée s’éloigne et déjà, la routine d’une nouvelle année scolaire s’installe. L’excitation de la nouveauté est retombée, et les cours ont commencé à s’accumuler alors que vous pensiez avoir encore un peu de temps pour goûter l’été indien. Mais les premiers contrôles arrivent sans crier gare – et les premières (mauvaises) notes tombent comme les feuilles mortes sur les trottoirs😢. Alors vous réalisez soudain que vos vieux démons sont toujours là 😈 et qu’ils sont en train de se réveiller : vous avez suivi vos cours « en touriste », vous n’avez encore rien appris et vous commencez à prendre du retard ! STOP !

Travailler régulièrement, mais pourquoi donc ?

Ce début d’année qui s’ébranle comme un train qui prend peu à peu de la vitesse est pourtant LE moment stratégique où il faut justement mettre en place la méthode d’apprentissage la plus déterminante pour la réussite de votre année : l’apprentissage par répétitions espacées. Certes, vos profs vous répètent chaque année qu’il faut « travailler régulièrement », ce qui veut à la fois dire tout et rien. Pourquoi travailler régulièrement si je peux tout rattraper en un week-end à la veille du contrôle ?

Le travail régulier permet au cerveau de conserver les connaissances en constituant des réseaux de neurones qui solidifient leurs connexions grâce aux révisions successives

Pour saisir l’intérêt de cette régularité, il faut comprendre comment notre cerveau apprend (ce que nous faisons justement à Méthodo Campus). Le travail régulier et fréquent permet à votre cerveau, et en particulier à la mémoire, de garder une trace précise des connaissances en constituant des réseaux de neurones interconnectés.

A chaque fois que vous apprenez votre cours, puis que vous le revoyez ou que vous l’approfondissez, vous réactivez les connaissances. Ces réseaux de neurones se consolident jusqu’à constituer une trace mnésique solide et disponible que vous pourrez aisément retrouver. Après plusieurs passages, vous avez mémorisé profondément ce cours, et vous ne l’oublierez plus !

Quand faut-il apprendre et à quel rythme ?

Mais à quel rythme apprendre exactement ? L’idée est de réactiver l’apprentissage, c’est-à-dire de revoir le cours juste avant d’avoir oublié. Si vous attendez trop longtemps, le cerveau « fait le ménage ». Les premières connexions créées se défont : vous avez tout oublié et il faut à nouveau apprendre « en partant de zéro », ce qui arrive quand vous laissez vos cours s’accumuler durant des jours sans y mettre le nez. Or l’oubli est rapide et massif dans les premières 72 heures qui suivent le moment où vous assistez au cours. C’est ce que montre la célèbre « courbe de l’oubli » établie par Hermann Ebbinghaus à la fin du 19è siècle. Elle dessine l’évolution des connaissances qui nous restent en mémoire (axe des ordonnées) à mesure que le temps passe (axe des abscisses). On voit qu’il y a une sacrée chute au début, comme si le cerveau était une vraie passoire !

La courbe de l'oubli d'Hermann Ebbinghaus

C’est donc à ce moment-là qu’il faut démarrer l’apprentissage, puis le consolider par une première révision assez rapprochée. On apprendra par exemple à J0 (le jour-même du cours) et on le reverra à J2, ou bien on apprend à J1 et on revoit à J3. A ce moment-là vous commencez à créer un souvenir, et l’oubli se ralentit. Vous mémorisez de mieux en mieux (c’est-à-dire que vous êtes capable de retrouver en mémoire de plus en plus de connaissances) et… vous pouvez alors espacer un peu la révision suivante, en faisant par exemple une courte révision ou un exercice une semaine plus tard. Si l’on dessine à nouveau la « courbe de l’oubli » dans l’hypothèse où l’étudiant révise plusieurs fois son cours 👍, on voit que la courbe s’aplatit de plus en plus, ce qui signifie que l’on garde de plus en plus de choses en mémoire.

La transformation de la courbe de l'oubli au fil des révisions successives

: Finalement le cours s’ancre profondément dans la mémoire de long terme et il suffira de le revoir un mois plus tard (pour un devoir ou un contrôle par exemple), puis au moment des révisions finales…

Usine à gaz ou méthode accessible aux étudiants ?

Tout cela peut paraître un peu compliqué alors qu’il s’agit en fait d’une gymnastique à mettre en place dès le début de l’année, moyennant un peu d’organisation. Le planning hebdomadaire dont je parlais dans le post précédent est par exemple un bon outil pour répartir vos révisions de cours et piloter vos apprentissages.

un personnage marche dans une roue pour acquérir des automatismes

Dans le parcours en ligne « Apprendre à apprendre », un atelier propose de partir de la répartition de vos cours dans la semaine. Exemple : si vous avez un cours d’histoire chaque lundi, il sera malin de faire un premier passage sur le cours le jour-même, le lundi soir (par exemple pour compléter vos notes et apprendre le plan et les grandes lignes), puis de l’apprendre à fond le mardi, et d’y revenir rapidement le week-end juste avant le nouveau cours. Cela peut paraitre beaucoup mais en réalité c’est la meilleure façon d’optimiser le temps d’apprentissage et la qualité de la mémorisation 😎. Donc d’apprendre plus et mieux dans le minimum de temps.

Laissez-moi vous expliquer pourquoi (et vous convaincre) :

  • en commençant à relire le cours et à « encoder » les éléments à retenir le soir-même, vous prenez appui sur le souvenir encore frais du cours. Vous avez encore beaucoup de choses en tête, les anecdotes données par le prof, les questions posées, les points qui vous ont marqué ou posé problème. Il ne faut pas un effort énorme pour commencer à fixer l’essentiel (par exemple le plan, les grands concepts) soit par écrit, soit mentalement.
  • en faisant un apprentissage complet et précis le lendemain, vous consolidez les souvenirs. Cela peut être un peu plus long et il ne faut pas oublier de « réciter » ou de vérifier que l’on sait retrouver son cours sans l’avoir sous les yeux.
  • en revoyant à la veille du cours suivant, on consolide encore et l’on peut même approfondir en répondant à des questions ou en faisant un exercice : mais on se rend compte que les connaissances reviennent déjà assez vite, elles commencent à être digérées ! Plus on fait de passages et plus ils sont aisés et faciles, donc motivants !

Un avantage pour la compréhension et la motivation

Un étudiant souriant et paisible face à ordinateur

Dans cet exemple, l’un des objectifs est d’avoir bien mémorisé le cours précédent quand on revient en cours le lundi. Pourquoi ? Parce que cela vous permet d’être à jour et de suivre le nouveau cours en ayant déjà les bases nécessaires. Comme les connaissances s’enchaînent souvent les unes aux autres, vous appréhendez plus vite les nouvelles notions, vous pouvez les raccrochez à celles que vous avez déjà apprises. Cela améliore forcément votre compréhension, et donc votre motivation !

Quand vous pratiquez l’apprentissage par répétitions espacées, vous montez dans le train du cours, et vous êtes capable d’y rester, même à grande vitesse !

Si je reprends l’image du train, quand vous pratiquez cet apprentissage régulier, vous montez dans le train du cours et vous êtes capable d’y rester même quand il atteint la grande vitesse 🚄, c’est-à-dire quand les notions se complexifient.

Alors que si vous n’apprenez pas régulièrement, vous restez à quai et il devient de plus en plus difficile de rattraper la locomotive !! Non seulement vous n’avez plus le temps de mémoriser des semaines entières de cours, mais surtout, le fait de ne pas pouvoir bien suivre les explications données durant les cours vous fait « décrocher » et cela accentue la démotivation. Sans parler des mauvaises notes récoltées au passage. On jette alors l’éponge : « De toutes façons je n’y arriverai jamais, je n’ai pas les capacités😩 !!

Qu’en disent les neurosciences ?

Si je dis que l’apprentissage par répétitions espacées (qu’on appelle aussi « apprentissage distribué ») est la méthode la plus déterminante pour la réussite, c’est parce qu’un très grand nombre d’études ont confirmé ses effets positifs significatifs sur l’apprentissage. Les neuroscientifiques disent que c’est un des résultats les plus « robustes », c’est-à-dire confirmé par le plus grand nombre d’études, parmi les nombreux sujets de recherche en cours dans le domaine des sciences cognitives.

Je citerai par exemple une étude très complète réalisée en 2013 par cinq chercheurs américains et intitulée « Improving Students’ Learning with Effective Learning Techniques : Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology »

Dix méthodes d’apprentissage au banc d’essai

Les chercheurs y comparent les effets de 10 techniques pouvant être utilisées par des élèves pour apprendre :

  • élaborer des explications
  • expliquer par soi-même
  • Faire un résumé ou une synthèse
  • Souligner ou surligner les passages à retenir
  • Utiliser des mots-clés et des images mentales
  • Former des images mentales de ce qu’on lit ou qu’on entend
  • Relire une nouvelle fois le document à apprendre
  • Faire des tests sur ce qui est à apprendre
  • Apprendre de façon « distribué » en planifiant plusieurs séances d’apprentissage
  • Entrelacer les types d’exercices dans chaque séance d’études

Vous voyez que c’est très concret puisqu’on retrouve quasiment toutes les méthodes d’apprentissage. L’étude est aussi très complète, très large, car l’utilité de chaque méthode a été testée sur des contenus d’apprentissage différents (textes, problèmes à résoudre, cartes à reproduire, vocabulaire à savoir…), dans des conditions d’études différentes (à l’oral et l’écrit, en lisant ou en écoutant, en groupe ou en solo…), avec des étudiants très divers (par l’âge, les capacités d’expression, les centres d’intérêt, la motivation, le domaine d’études…) et pour des tâches cognitives différentes (mémorisation, compréhension, résolution de problèmes…)

And the winner is… Distributive practice !

Et bien savez-vous quelles méthodes arrivent en tête ? Seules deux méthodes ont une efficacité élevée et cela dans la plupart des situations d’apprentissage : la réalisation de tests (Practice Testing), et l’apprentissage « distribué » dans le temps (Distributive practice).

Le fait de réactiver les connaissances au fil du temps, de réviser, de repasser plusieurs fois sur les mêmes contenus, et de se tester à chaque fois pour vérifier l’apprentissage est donc la méthode la plus efficace pour apprendre quoi que ce soit. Voilà pourquoi c’est le sujet abordé dans le premier module du parcours en ligne « Apprendre à apprendre ». L’idéal est bien sûr de le démarrer au début de son année scolaire au moment où l’on met en place son planning de travail hebdomadaire, et où le train des programmes commence à peine s’ébranler. Embarquement immédiat !

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Michèle Longour

Michèle Longour

Journaliste Education & Apprentissage, auteur et fondatrice du projet Méthodo Campus.

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