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Biais cognitifs : comment résister aux automatismes de raisonnement trompeurs ?

Beaucoup d'erreurs de raisonnement sont dues à des automatismes de pensée. On peut heureusement les inhiber avec certaines méthodes. Découvrez sept méthodos étudiantes pour résister aux mauvais automatismes.
Une jeune femme semble stressée par un fort mal de tête

Pour trouver solution à un problème, nous avons souvent tendance à appliquer des automatismes de pensée inappropriés. Au lieu de tenir compte des données précises de l’énoncé, nous partons tête baissée et presque intuitivement sur… un raisonnement erroné 😖. « Tu raisonnes de travers !« , dit-on alors. Pour désigner ce raisonnement biaisé – par rapport à la logique – on parle aujourd’hui de « biais cognitif ». Un biais qui nous fait manquer la cible et aboutit… à une mauvaise réponse ☹.

Je suis étourdi. Je me précipite trop ! Je suis fâché avec la logique😪 … Voilà ce que vous répétez en boucle sans savoir que faire pour progresser. Alors, revenons aux découvertes récentes des neuroscientifiques. Dans l’article précédent, nous avons vu qu’ils ont pu repérer dans le cerveau trois systèmes de pensée différents. L’un d’eux, très rapide, recourt aux automatismes, tandis que l’autre, plus lent, se base sur le raisonnement logique. Et pour passer de l’un à l’autre, il faut activer le « système inhibiteur », qui stoppe le déclenchement de l’automatisme pour laisser place à la réflexion logique.

Pour en savoir plus, lire :
Raisonnement : pourquoi les automatismes peuvent nous induire en erreur

Quelles méthodos pour inhiber l’automatisme ?

Alors voyons maintenant ce que peut faire concrètement l’étudiant pour activer à temps ce fameux « système inhibiteur ».

Vous êtes face à votre énoncé, votre texte, votre question d’examen à traiter en temps limité. Cette contrainte temporelle 🕓 a tendance à vous mettre sous pression😓. Et cela vous pousse à enclencher le « pilote automatique » et à appliquer la règle, le calcul ou le raisonnement qui vous vient à l’esprit 👎 .

A sa table d'examen, un étudiant est penché sur sa copie et se tient le front

Alors que faire pour inhiber ce mode automatique 🚦 ? voici 7 méthodos à utiliser dans le cadre scolaire et étudiant. Objectif : résister à l’automatisme. Pour diminuer drastiquement vos erreurs dans les devoirs et les problèmes.

1 / Recentrer son attention et chasser les distractions

L’attention est l’un des quatre piliers de l’apprentissage. Donc, quand vous abordez une tâche nouvelle, il faut écarter les distractions et vous recentrer à 100% sur votre énoncé, votre exercice ou votre texte. Si vous êtes encore en train de penser à la conversation que vous venez d’avoir, à un souci ou à une chose que vous avez peur d’oublier, votre attention est trop dispersée pour se focaliser sur votre tâche.

Vous devez donc commencer par fermer tous les dossiers ouverts dans votre tête 🤯.

Comment ? Fermez les yeux 😔 , respirez à fond, et commencez à penser intérieurement à la tâche qui vous attend. Si cela ne suffit pas, faites une pause pour bouger🏀🏓 , buvez un verre d’eau 🥛🍎, respirez et regardez au loin. Si vous êtes en classe ou à un examen, étirez-vous et respirez profondément. Maintenant vous êtes prêt.e à vous y mettre.

2 / Lire l’énoncé attentivement et en entier

On vous l’a dit 50 fois. Mais cette fois, vous allez comprendre pourquoi une lecture attentive peut vous éviter des erreurs. Beaucoup d’énoncés peuvent se ressembler. Des termes peuvent se ressembler. Des situations peuvent se ressembler. Mais il suffit d’un détail ou d’un petit mot ❗ pour que votre énoncé diffère de celui auquel vous pourriez spontanément penser.

Etudiant en cours en train de lire attentivement son livre avec son doigt

Exemple d’énoncé en sciences économiques et sociales (SES) : « Comment le changement de statut juridique contribue-t-il à la croissance interne d’une entreprise? Si vous ne prêtez pas attention à l’adjectif « interne », vous partez sur un hors sujet.
De même, si un exercice de maths vous demande une solution « graphique », il est erroné de se lancer dans des calculs.

Lisez donc le sujet plusieurs fois, en prêtant attention à chaque mot et jusqu’au bout pour ne rien oublier. Comme un détective 🧐 qui recueille les indices pour résoudre son enquête. S’il s’agit d’un problème avec plusieurs questions, lisez les toutes car elles indiquent souvent par quelles étapes de raisonnement vous devez passer.

3 / Décharger la mémoire de travail en notant au brouillon

Si vous vous sentez perdu en lisant l’énoncé, ou qu’il vous parait complexe, notez point par point ✍ au brouillon les données que l’on vous donne. N’hésitez pas à faire un schéma ou un dessin si cela vous aide. En maths, il faut exprimer ce qui est dit avec des mots dans l’énoncé en termes mathématiques.

Exemple. « Un théâtre propose un abonnement annuel à tous ses spectacles pour 35 euros. Sachant que le prix d’entrée à un spectacle est de 7 euros, à partir de combien de spectacles l’abonnement est-il plus avantageux ?« .

Le fait d’écrire ce que l’on sait permet de ne rien oublier, et libère de l’espace en mémoire de travail pour aborder le raisonnement logique

Que cherche-t-on ? Un nombre de spectacles que l’on va appeler x. Si x est le nombre de spectacles, le coût des spectacles à l’unité est donc de 7x. Et l’on cherche la valeur de x pour que 7x soit supérieur à 35. Soit x supérieur à 35/7 (5). Le premier nombre entier supérieur à 5 est donc… 6.

Le fait d’écrire vous permet de poser toutes les hypothèses dont vous disposez. Cela vous aide à ne rien oublier, et vous permet de décharger votre mémoire de travail 🧠. Celle-ci peut alors se consacrer au raisonnement. Enfin, le fait d’écrire permet de ne pas perdre de vue ce que l’on cherche, 😃 (ici, le nombre x de spectacles dont le prix total coutera plus que 35 euros.) S’il s’agit d’un verbe (démontrez, analysez, commentez, comparez…) écrivez-le en lettres capitales sur votre brouillon.

4/ Rechercher en mémoire les connaissances adaptées

Une fois que vous avec bien compris le sujet, vous pouvez chercher dans votre mémoire de long terme les règles et connaissances qui s’y rapportent. Mais là encore, avant de vous lancer, actionnez le signal d’alarme 🚩de votre système inhibiteur.

Comment ? En vérifiant que la règle, le raisonnement ou le théorème auquel vous pensez s’applique bien à la situation décrite par votre énoncé💡. Il faut donc vous remémorer rapidement cette règle 🔁 et vérifier que vous êtes bien dans la situation qui permet de l’employer.

L’accord du participe passé du verbe !

Prenons l’exemple de l’accord du participe passé d’un verbe conjugué au passé composé. Beaucoup ont retenu qu’on accorde le participe avec le sujet si la forme conjuguée utilise l’auxiliaire être ; et qu’on ne l’accorde pas si c’est l’auxiliaire avoir. La règle complète précise aussi que : avec l’auxiliaire avoir, si le complément d’objet direct (COD) est placé avant le verbe, le participe s’accorde avec le COD.
Or le premier automatisme consiste souvent à appliquer uniquement la première partie de la règle (accord avec être, non accord avec avoir). La question du COD est oubliée et l’on écrit : « Les fleurs que je vous ai apporté« . Alors qu’il faut écrire : « Les fleurs que je vous ai apportées ».

5/ Avoir une boite à outils pour appliquer la règle

Il faut donc avoir en amont des connaissances précises et exactes. Et savoir les appliquer correctement ! En quelques instants, vous devez manipuler la règle à appliquer dans tous les sens pour voir si elle convient à votre situation.

Pour cela, il faut se questionner : est-ce l’auxiliaire être ou avoir ? Y a-t-il un COD ? Est-il avant ou après le verbe ? Ou bien : « Il faut que l’abonnement à 35 euros soit inférieur au prix des spectacles à l’unité. Donc il faut que 35 soit plus petit que 7x.

Bref, il ne faut pas uniquement avoir les bonnes connaissances. Il faut savoir les appliquer au bon moment correctement. Et pour cela, il faut avoir une « boite à outils » 🛠 avec toutes les petites questions à se poser pour appliquer correctement chaque règle. En maths, il faut vérifier que toutes les conditions et hypothèses sont remplies pour appliquer un théorème ou un raisonnement.

Repérez les pièges et corrigez vos automatismes

On refait souvent plusieurs fois les mêmes erreurs. Toujours emportés par le même mauvais automatisme. Au moment de la correction, repérez donc l’automatisme qui vous a conduit en erreur. Quel raisonnement avez-vous fait ? Pourquoi n’est-il pas correct ? A quel moment êtes-vous sortis de route ? Parfois c’est un mot ou une notion qui vous a fait dérailler.
Au laboratoire de psychologie du développement (LaPsyDÉ) de l’université Paris Cité, des chercheurs ont montré qu’en donnant une petite explication sur le bon raisonnement à faire pour éviter le piège, les erreurs diminuaient sensiblement. Et les résultats sont encore meilleurs si les explications sont faites en vidéo.

👉 Lire l’article du blog le21dulapsyde.com : « Dire adieu à nos biais : apprendre de nos erreurs en vidéo

Moralité : repérez bien les pièges, et exercez-vous à rectifier votre raisonnement au bon moment. Si vous voulez effacer le mauvais automatisme et le remplacer par le bon, il faut refaire plusieurs fois le même genre d’exercice. Votre mémoire va ainsi automatiser le bon raisonnement.

Les outils numériques de révisions qui utilisent des logiciels d’adaptive learning sont excellents pour cela : ils enregistrent vos erreurs et vous reposent les exercices qui vous font chuter… jusqu’à ce que vous ayez intégré le bon raisonnement.

7/ Vérifiez vos résultats

Dernier conseil souvent donné par vos profs. Quand vous avez votre réponse ou votre solution, confrontez-la à la consigne de départ. Si l’on vous demandait de trouver une distance, et que vous répondez en donnant une vitesse, il y a un problème 😕. Si l’on vous demandait de comparer deux tableaux et que vous ne parlez que du premier, vous ne répondez pas non plus à la consigne.

Dans les devoirs qui nécessitent de rédiger un texte, le risque est encore plus grand de « noircir » sa copie en oubliant la consigne. Cette vérification ultime est souvent cruelle. Si vous êtes à un examen, il est parfois trop tard pour tout reprendre.

Raison de plus pour s’appuyer sur le système inhibiteur au bon moment. Et pour apprendre à raisonner tranquillement, logiquement, et par étape.

 

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Michèle Longour

Michèle Longour

Journaliste Education & Apprentissage, auteur et fondatrice du projet Méthodo Campus.

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